Khosh Aamadi be Yazd & Esfahan

Khosh Aamadi be Yazd & Esfahan

A Yazd et sa province au milieu du désert, c’est une découverte historique qui nous attend ! La région est empreinte de la culture millénaire de l’Iran et du culte zoroastrien.

Dieu Zoroastrien

Actuellement les Zoroastriens représentent 5 à 10 % de la population iranienne, la majorité ayant émigré vers l’Inde depuis des siècles. Leur culte reconnait 4 éléments sacrés : l’eau, le feu, le vent, la terre, qu’ils respectent et s’interdisent de polluer. Les écolos n’ont rien inventé ! Reste à savoir cela dit, comment les Zoroastriens appliquent leurs principes dans la société actuelle !

Chak Chak, lieu de pélerinage zoroastrien
Temple du feu zoroastrien

Il y a des siècles chez les Zoroastriens les morts reposaient dans les tours du silence. Elles ont été remplacées par des cimetières distincts de ceux des Musulmans. Les portes musulmanes ont deux sonnettes, annoncant le sexe du visiteur; les portes zoroastriennes quant à elles ne font pas de distinction.

Temple du feu zoroastrien

L’architecture de la région regorge d’idées de génies et de singularités.
Les tours du vent servant à capter l’air sur les toits et à ventiler naturellement l’intérieur des maisons et des cours.

Tour du vent

Les canaux (qanats) récupérant l’eau de la nappe phréatique profonde; solution discutable étant donné que la nappe profonde a baissé de moitié et ne se renouvelle pas.

Musée de l’eau, qanats

La maison de la glace à Meybod, permettant de créer de la glace l’hiver dans une cour extérieure derrière le mur de l’ombre, puis de la conserver des mois durant dans un dôme aux murs de 2 m d’épaisseur.

Maison de la glace, Meybod
Mur de l’ombre, bassin de glace
Caravanserail, Meybod

Les maisons sont en argile et paille et/ou en briques, comme partout on utilise la matière première à disposition pour construire. Pas sûr qu’on puisse utiliser cette méthode chez nous, d’après notre guide il tombe à Kharanagh seulement 40 mm de pluie par an ! Maintenant l’argile a malheureusement laissé sa place au ciment.

Kharanagh

Les petites ruelles sont parfois recouvertes d’un toit arché (sabat) servant à la fois de contreventement aux murs de grande hauteur et d’abris contre la chaleur torride, notamment pour les personnes âgées qui peuvent faire une halte lors de leur promenade.

Sabat dans le centre de Yazd

Le vieux centre de Yazd est splendide et mérite bien son recensement au patrimoine de l’UNESCO prévu pour cet été.

Mais Yazd est également une des villes les plus pieuses et conservatrices du pays. Les femmes y portent majoritairement le hijab.

On apprend que les mosquées iraniennes Chiites comptent deux minarets alors que les Sunnites n’en construisent qu’un. La mosquée des femmes d’Ispahan (Lotfollâh) n’en a aucun. Les sols des mosquées sont recouverts de tapis persans. Perdus dans les mozaiques turquoises, les oiseaux et les fleurs de lotus, nous observons les sigles aryens. C’est une des civilisations les plus anciennes de l’Iran, originaire de Sibérie. La pièce centrale en face de l’imam ou du mollah est dédiée aux hommes, tandis que les salles de prière latérales sont réservées aux femmes. Les femmes accèdent au confessional par deux corridors latéraux.

Meybod (province de Yazd) est une ville très polluée par l’industrie de la poterie et de la faience en argile. Nous nous retouvons alors dans un entrepôt d’une usine à choisir des carreaux sur des palettes poussièreuses. Il semble essentiel au chef d’entreprise de nous en faire cadeau, geste qui fait partie de la culture de l’accueil iranien.

Meybod

Le soir nous nous émerveillons devant l’omniprésence de la jeunesse et la vie nocturne. Des enfants en bas âges jouent à toute heure dans la rue, les jardins d’enfants et sur les places publiques merveilleusement illuminées. Les magasins ouvrent tard, compensant la fermeture de l’après midi pour la sieste. Les picnics en musique animent les berges du fleuve.

Masjed-e Jameh, Yazd

Les Iraniens pétillent de leur ouverture et leur spontanéité. Selon notre guide, le gouvernement a été poussé à s’ouvrir au tourisme car la situation économique était en déclin (25% de chômage, fermetures d’usines..) En réalité l’extraction des matières premières enrichit fortement le gouvernement, qui ne répartit pas ces richesses au peuple. A présent, le tourisme représente pour le peuple iranien une chance de faire changer leur gouvernement qui devra s’adapter au monde par la force des choses. C’est d’ailleurs étonnant de voir tant de personnes surdiplômées qui travaillent dans ce domaine, ne trouvant pas d’autre job ou ayant tout simplement compris que l’avenir de l’Iran s’y trouve.

En touristes parfaits nous nous rendons dans le désert de Bafgh pour une baladette en dromadaire à 120 km au Sud-Est de Yazd. Drôle d’expérience, agréables sensations décontractantes. A faire. Même si ce sont des enfants qui s’occupent des bêtes ; entre travail, aide de leur père et plaisir de gamin d’être avec des animaux, le respect des droits de l’enfant est difficile à estimer. Nous montons pieds nus sur la crête de la dune telle une randonnée dans la poudreuse. Vue sublime dans ce petit paradis protégé seulement pour le tourisme. Le soir les nuages gâchent l’observation des étoiles mais les mouches signent l’ouverture de la guerre par notre chasseur préféré armé d’une balayette en palmier !

Le lendemain avec notre driver, nous découvrons avec entrain le jardin de l’oasis à côté de Bafgh. Y poussent des dattiers (seules les femelles donnent des fruits, il est fécondé à la main), pistachiers, oliviers,  grenadiers et cyprès (symbole de la liberté et de l’éternité). Un système d’irrigation par canaux permet d’alimenter les jardins en eau salée.

Nous reprenons alors la route rectiligne à perte de vue dans ses paysages arides et rocailleux, où les canalisations de gaz et les voies ferrées sont en construction, raccordant les mines et usines de Zinc, Fer, Argent, Cuivre et autres minerais. Les hommes tamisent la terre sur place à la main sous un soleil de plomb pour en faire du gravier servant à enrober les canalisations (Leitungskies). Les terres excavées sont amassées sur place, épargnant alors des centaines de transports vers des décharges, comme on le ferait en Europe. Les maisons dans les villages et les banlieues ne semblent jamais achevées. En ville les immeubles en construction métallique sont largement préférés au béton.

Après des heures dans la voiture de notre driver, nous arrivons à Ispahan, clôturant 3 jours de tourisme avec guide, passionant mais où les rencontres furent moins intenses. A peine descendus dans la rue, nous sommes rattrapés par la bienveillance des Iraniens en ce jour férié de la fête des hommes (anniversaire de l’Imam Ali). On découvre le gigantisme de la place de l’Imam, ses deux mosquées, ses palais et son jardin anciennement terrain de polo. M. 17 ans nous aborde, son livre d’école à la main, pour qu’on lui fasse réciter sa lecon d’histoire sur Napoléon Bonaparte. Il nous donne ensuite un cours sur les rois Safavides d’Iran dont le Shah Abbas. Il nous confiera plus tard que son frère fait du Taikwendo et des tableaux en bois. Son sport à lui ce sont les 30 minutes de vélo pour se rendre sur l’Imam square et discuter avec des étrangers. Nous trouvons encore un guide pour la soirée, qui s’étonne de notre disponibilité. Il vient souvent sur la place dans l’espoir d’arracher quelques mots aux étrangers, de découvrir leur culture et de progresser en anglais. Souvent il est refoulé par des touristes qui n’ont que « 2 ou 5 minutes à lui consacrer.. ». Triste constat de notre société où tout est quantifié, même en vacances pour le temps à accorder à un échange humain.

Place de l’Imam, Isfahan

Nous prenons le thé chez son ami Ali, marchand de tapis qui nous explique la différence entre les tapis nomades à fort caractère et les tapis de renom. Ils peuvent être en soie, en laine ou alors en laine, soie et coton. La finesse des dessins et la douceur de la soie sont remarquables. Chaque tapis raconte une histoire de la Perse.. pattes d’un chameau, mère et son enfant, cyprès… Malgré le talent en commerce et négociation des iraniens, nous ne craquerons pas. Nous continuons pour visiter la ville de nuit.

Alors que M. nous écrit son adresse, nous sommes interrompus par un homme qui pose d’étranges questions, l’air suspicieux. Deux phrases en farsi et M. écarte l’homme d’un geste. Nous imaginons qu’il s’agit d’un Bassidji, sorte de policier en civil qui rend des comptes au gouvernement islamique. En sortant du pont, à la vue de la police M. rebrousse chemin, nous expliquant qu’il n’est pas autorisé à parler à des étrangers, car il ne possède pas de carte de guide. Nous ne comprenons pas pourquoi car d’autres Iraniens nient cette affirmation mais il est clair qu’il craint la police.

En le questionnant sur sa situation en Iran, il nous confie que la vie y est difficile. Il relativise sa situation par rapport aux pays voisins en guerre ou bien à son ami afghan qui craint chaque nuit de se faire tuer par les Talibans. Ils ont un autre référentiel. La vie en Occident nous semble difficile pour des raisons si superficielles.

A plusieurs reprises, il nous dit « I made a plan in my brain. J’ai imaginé mon plan d’avenir dans ma tête. Je veux être avocat et aller à l’étranger. Cela prendra du temps, environ 10 ans, mais j’ai le temps. »

Les Iraniens, même très jeunes sont au fait de l’actualité politique, la situation de leur pays et du monde, leur maturité nous impressionne.

En déambulant de nuit, notre jeune accompagnateur nous offre du pain frais au pavot (Sankagy). Le long de la berge du Zayandeh Rud (la rivière qui donne la vie), nous sommes arrêtés tous les deux mètres, séances photos, embrassades, partage d’une orange, d’une musique.. On en arrive à devoir refuser des invitations. On y rencontre Z., une jeune doctorante en télécommunications, notre « guide » pour les jours à venir. Cherchant à expliquer l’engouement des iraniens envers les étrangers, nous trouvons deux raisons principales: la première est que le pays s’est ouvert il y a peu au monde occidental – 1 an environ; la deuxième est intrinsèque à la culture iranienne ouverte à l’Autre.

Isfahan
 

Nous sommes dans un état de choc émotionel et même physique, l’appétit coupé. A la fois emplis de joie mais d’une certaine nostalgie de voir cette jeunesse pétillante, intelligente et généreuse se voir reléguée derrière un comptoir d’accueil d’un hôtel après avoir étudié l’ingénierie chimique, de voir la difficulté pour ces jeunes d’accomplir ce qu’ils souhaitent.

D’un autre côté, ce pays nous donne l’impression que plus un peuple est brimé, plus il exprime sa personnalité et plus il accorde d’importance aux relations humaines. En s’installant dans une zone de confort, telle que nous avons en Europe, on en oublierait l’essentiel, à savoir l’être humain. Ce qui est impressionnant chez les Iraniens c’est leur capacité à laisser place à la spontanéité, à ignorer les plans prévus, s’adapter à la situation présente et tout donner à un inconnu. Une fois de plus nous avons là beaucoup à apprendre.

Après une courte nuit nous sommes réveillés par les chants du Muezzine annoncant la première des 3 Asan (prières) de la journée. Z., 29 ans, nous attend à la réception de notre hôtel, son foulard de soie coloré reflète la classe de nombreuses jeunes femmes iraniennes. Et nous sommes partis pour une visite de la ville.

De la terrasse d’Ali Qapu, on surplombe la place royale et l’école des Beaux Arts d’Ispahan.

Ali Qapu Isfahan
Place de l’Imam, Isfahan

Elle nous emmène dans le bazar de 5 km de long, qu’elle connait comme sa poche. Les bijoux en or et en argent ciselés traduisent l’élégance de ce pays. Z. parle très bien francais et admire la tour Eiffel. Elle nous confirme que 50% des familles décident encore du mariage de leur fille. Son père, militaire à la retraite, est ouvert et fait partie de ceux qui estiment que ce choix appartient à leur enfant. Elle a un petit copain, imagine se marier peut être dans 2 ans, mais garder son boulot pour conserver son indépendance. Elle a décidé de porter le foulard (Russari, littéralement « sur la tête ») par croyance et ne considère pas cela comme une contrainte. Elle l’enlève seulement en présence de femmes ou bien de son père et de ses frères. Sa tante R., 53 ans, quant à elle supporte avec difficulté la contrainte du foulard ; ne voyant jamais le soleil, ses cheveux sont abimés. Avant la révolution islamique elle aimait l’Islam, depuis elle ne l’aime plus. Sa nièce, Z., voit son avenir professionnel et personnel dans son pays avec optimisme. En Iran elle se sent en sécurité et elle apprécie le savoir vivre de son peuple qu’elle n’a pas trouvé lors de son récent voyage européen. Elle a eu la chance de pouvoir obtenir un visa Schengen, ce qui lui facilitera l’obtention d’un second.

Pour les mariages les femmes ne couvrent pas leurs têtes. Les mariages traditionnels sont célébrés séparément par les femmes et les hommes. Dans les familles non pratiquantes hommes et femmes sont tous mélangés pour la fête.  

Dans le palais des 40 colonnes nous admirons la finesse des tableaux safavides d’inspiration chinoise des XVI-XVIII ème siècles, art auquel la Renaissance européenne n’a rien à envier.

Palais des 40 colonnes

Les étudiantes de l’université des Beaux Arts perpétuent le savoir faire traditionnel et organisent des ateliers pour le faire découvrir.

Après un thé au jardin des oiseaux, Z. nous accompagne chez M. (rencontré la veille) dans une banlieue où elle n’a jamais mis les pieds. Sur le pas de la porte, la maman de M. sort drapée de son Tchador doré. Z. la salue, souriante, comme si l’Iran aisé rencontrait l’Iran populaire.

Comme à Chiraz, une corbeille débordant de fruits nous accueille, symbole du respect pour les invités. Seul Massoud parle anglais et traduit sporadiquement en farsi. La gêne de ne pas pouvoir parler est supplantée par l’envie de communiquer et de comprendre nos cultures respectives. Le regard, les gestes et quelques photos aident à se présenter.

Ils nous montrent leurs pigeons et leurs poules et dressent une deuxième table dehors pour nous servir le thé et à nouveau des fruits, avant le festin du soir. La fraicheur tombe et nos hôtes nous apportent de quoi nous couvrir, mais les manteaux proposés par M. ne conviennent pas à ses parents qui rapportent une veste de costard à Guy. Les poteaux sur le toit et les aciers en attente traduisent la volonté de construire un deuxième étage ; pour le moment impossible à réaliser malgré le labeur quotidien de leur père carrossier qui ne connait pas le repos hebdomadaire du jeudi/vendredi. L’oncle était convié au repas ; il s’éclipse en ville pour aller à la mosquée et revient une fleur blanche à la main qu’il offre à Guy pour sa famille. Les deux fils voient leur avenir en Europe. C’est avec des yeux avides de savoir qu’ils apprennent avec nous les bases du francais. Le cours dure bien deux heures, sans une seconde de déconcentration.

En partant A. le grand frère de M. offre à Marina une de ses oeuvres en bois représentant un oiseau dont le plumage se forme par l’écriture « Au nom d’Allah ». Encore un au revoir touchant.

Dernier jour à Ispahan en compagnie de Z. et sa tante R., visite de la cathédrale Vank et de son musée dans le quartier arménien de la ville. Une belle introduction à l’Arménie, où Marina rejoindra samedi Clémentine.

On se demandait comment il était possible de rentrer d’Iran sans un accident de voiture. C’est chose faite ! Un bus jaune nous rentre dedans. Nous aurions pu pensé que le peuple iranien ait le sang chaud mais la discussion entre la conductrice et le chauffeur de bus malgré les désaccords reste calme et relativement courtoise. Peut être que le père de M. aura du travail sur la carrosserie de R. ! La boucle serait bouclée ! Après nous voir offert deux jours de leur temps, avant de nous quitter au terminal de bus, nos deux hôtes nous offrent des souvenirs, sac, nappe, porte crayon, cadres avec versets du Coran.. Incroyable. Après tant de rencontres, notre valise pèse le poids de la générosité iranienne !!

De retour par bus à Téhéran, ce soir nous sommes encore invités à dîner chez Sanaz, toute la famille et les amis sont de la partie. On joue au Gol ya Putsch (jeu en équipe, le but étant de deviner dans quelle main se trouve un pois chiche) jusqu’à 1:00 du matin. De beaux moments de partage pour clôturer ce séjour iranien!

Comme le dit un proverbe iranien, « Les politiciens n’ont pas de parents. » Sousentendu, ce sont tous des batards, on peut s’attendre à  tout de leur part.

Notre impression générale est que ce peuple subit les lois de son gouvernement mais il s’en accomode et vit de manière solidaire, harmonieuse et paisible.

Vous vous direz sûrement qu’on vous a donné tous les détails de ces rencontres, mais en réalité nous avons dû choisir d’en partager qu’une partie, tant elles étaient nombreuses et riches. Si vous pensez toujours comme Saint Thomas, qu’on ne peut croire que ce qu’on voit, libre à vous d’approfondir votre Anglais et d’apprendre 5 phrases de Farsi pour aller à la rencontre de ce peuple merveilleux.

La définition de l’accueil a pris un autre sens pour nous !
Saurons-nous apprendre de leur savoir-être une fois rentrés dans notre train-train européen ?

Mamnum Iran. Merci à l’Iran.

Khoda Hafez. Be omide didaar. Inch Allah !

 

9 réflexions sur « Khosh Aamadi be Yazd & Esfahan »

  1. Et pendant ce temps Ben?? Tu en bave sur ton 2 roues?

    Marina, j espère que le reste de ton voyage te plaira autant que ces 2 premières semaines

  2. Coucou Marina, j'ai suivi tes posts avec vraiment beaucoup de plaisir et comme je disais hier à Christophe … cela donne vraiment envie d'y aller et de découvrir ce pays … Ma tante m'en avait déjà beaucoup parlé … Quelles belles expériences vous avez vécues, c'est vraiment super de pouvoir partager avec vous ces moments … et la tortue elle trotte vite … Bises et bonne poursuite du voyage  – Véro & Kiko

  3. Vous écrivez "Les canaux (qanats) récupérant l’eau de la nappe phréatique profonde; solution discutable étant donné que la nappe profonde a baissé de moitié et ne se renouvelle pas."

    En fait, les qanats sont comme des aqueducs souterrains, ce qui évite de perdre de l'eau du fait de la forte évaporation dans un tel environnement désertique. Les prises d'eau se font par des puits dans les montagnes, l'eau étant ensuite acheminée sous terre jusqu'aux champs et aux villes.

    La plupart des qanats de Yazd ont leur "source" à une trentaine de km au sud-ouest de Yazd. Ce n'est donc pas l'eau de la nappe phréatique locale, beaucoup plus en profondeur que les qanats. Le renouvellement est assuré par les précipitations hivernales.

    Fabrice

    1. Bonjour Fabrice et merci de l'intéret que vous portez à notre article. Les qanats sont un projet d'irrigation qui ne puise pas l'eau dans la nappe phreatique locale mais dans la nappe phréatique des montagnes. Nous ne disons pas que les qanats sont la seule raison de l'assèchement des réserves d'eaux et de la nappe phréatique. La surconsommation d'eau en est certainement la raison principale. Toujours est il que l'Iran est confronté à un réel problème concernant les ressources en eau potable et doit désaliniser l'eau de la mer.

      1. Tout à fait d'accord sur ce dernier point. Déjà des conséquenses très visibles en Iran avec par exemple :

        – l'assèchement fréquent du Zayandeh Rud, le fleuve qui traverse Ispahan.

        – la quasi-disparition du lac d'Ourumiyeh.

        Dans ces 2 cas, c'est la conséquence d'une irrigation des terres cultivées. Plus qu'une question de consommation de l'eau, cela souligne que le plateau iranien présente des limites quant à la population qu'il peut nourrir.

        Alors que l'eau est au coeur de la culture iranienne (cf. dispositif du jardin persan) et du chiisme (cf. Imam Hussein empêché d'accéder à de l'eau en prémisse à la bataille de Kerbala, expliquant la mise à disposition de fontaines réfrigérées devant tout commerce qui a un peu de réussite).

        Fabrice

        P.S. : l'eau consommée à Yazd a de grandes chances de finir à terme dans l'aquifère local. Ce qui remettrait en question la durabilité de l'alimentation en eau par les qanats, c'est que les précipitations d'hiver s'affaiblissent. Si cela arrivait, ce serait un problème d'ordre climatique, et non de consommation locale de l'eau.

  4. Vous écrivez "Selon notre guide, le gouvernement a été poussé à s’ouvrir au tourisme car la situation économique était en déclin".

    A mon avis, ce n'est pas l'Iran qui s'est ouvert au tourisme (j'y ai été en 2007 sans le moindre souci, et ma soeur m'avait précédé 6 fois au cours des années précédentes), mais l'Occident qui a réduit ses réticences. Ainsi, en 2007, la totalité du territoire iranien était déconseillée par le Ministère des Affaires Etrangères français, comme ses homologues occidentaux. De quoi dissuader les voyagistes et nombre de voyageurs indépendants.

    Ce qui a changé, c'est l'accord sur le nucléaire qui a rendu l'Iran plus "fréquentable" sur le plan diplomatique.

    Tout au plus, l'Iran facilite les choses avec la délivrance du visa à l'arrivée. Mais cette facilité s'inscrit dans une tendance mondiale qui n'est pas propre à l'Iran.

    Il est par contre vrai que la situation économique découlant des sanctions a pu motiver le Régime iranien à passer l'accord sur le nucléaire. Du fait du maintien de barrières financières, le tourisme est l'une des rares retombées positives constatées par le peuple iranien. D'où peut-être la perception de votre guide.

    Ce qui reste visiblement inchangé, c'est l'accueil hors norme du peuple iranien. Inimaginable pour qui ne l'a pas vécu. Mais seul le voyageur indépendant peut en profiter pleinement.

    Fabrice

  5. Grâce à votre carnet, j'ai découvert le terme "sabat" s'appliquant aux arches couvrant partiellement les ruelles. Kheili mamnoon!

    Fabrice

  6. Cherchant à expliquer l’engouement des iraniens envers les étrangers, nous trouvons deux raisons principales: la première est que le pays s’est ouvert il y a peu au monde occidental – 1 an environ; la deuxième est intrinsèque à la culture iranienne ouverte à l’Autre.

    La 2ème option est la seule valide. Car c'est cette même expérience qu'ont eu les voyageurs ayant visité l'Iran avant l'accord sur le nucléaire, avant "l'ouverture de l'Iran" (en fait, c'est l'Occident qui s'est ouvert à l'Iran).

    Imaginez l'attention dont pouvaient alors bénéficié ces rares voyageurs occidentaux. Si de surcroît ils s'aventuraient hors des sentiers battus (par ex. Kurdistan iranien) et bredouillaient quelques formules en persan… Dur de ne pas se croire une star 😉

    Fabrice

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