Le long du Golfe de Thaïlande

Le long du Golfe de Thaïlande

Après un intense moment de partage dans la famille de Aom, on se remet en selle pour la dernière ligne droite. On longe la côte du Golfe de Thaïlande à travers de magnifiques paysages (qu’on vous laisse admirer en images). On passe par des hauts et des bas. L’envie de pédaler pour terminer le voyage n’est pas toujours là…
Heureusement la magie du voyage à vélo nous rattrape jusqu’à la dernière journée, qu’on va vous raconter en détails, à la manière d’un roman.

17 Novembre, il est 6 h sur le Golfe de Thaïlande et la luminosité naissante réveille Ben et Mara en douceur. A travers la moustiquaire de la tente ils observent le soleil rougeâtre se lever sur l’horizon. La mer est agitée, ce matin le vent accentue les cliquetis des vagues. Un bien beau dernier bivouac sur la plage, pensent-ils.

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A 7 h ils sont en selle. Quel bonheur de pédaler dans la sérénité matinale accompagnés des Thaïs qui s’éveillent, enfourchent leur scooter, s’attablent à un bouiboui.
– Nam tok kai mi ? demande Mara.
– Mi ! répond d’un grand sourire la mamie thaï, qui leur sert deux soupes de nouilles.
Il leur faut de l’énergie pour lutter contre le vent. La Thaïlande ne semble pas en proie à les laisser partir si facilement. Ou bien est-ce eux qui ne veulent pas s’en aller ? Ils gambergent à chaque coup de pédale dans les marais salants où les Thaïs aplanissent le terrain, préparent le sol avant la mise en eau et s’arrêtent de temps à autre pour saluer les cyclistes.

Les stands de cuisine de rues bordent la route, la tentation est forte jusqu’à ce que la faim les fasse craquer, à peine au bout d’une heure et demi de vélo. Ben commande des bananes frites dans un marché. Un homme leur fait comprendre que c’est déjà payé.
Les yeux pétillants d’une joie de vivre communicatrice, une jeune femme les accueille avec un « Welcome in Thaïlande » et leur donne des conseils pour leur prochaine escapade dans son pays.
– Khop khun kaaaaa / krap, déclament en cœur Ben et Mara, les mains liées apposées à leur visage.

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Une pause s’impose !

Le vent s’est calmé et ils zigzaguent sur des routes sinueuses, où les gens découpent des noix de coco pour les faire sécher. Ben et Mara ne se lassent pas d’admirer ce fourmillement d’activités à ciel ouvert. Le cœur serré, ils repensent à toutes les attentions de générosité qui se termineront hélas. Le soleil est bientôt au zénith, ils dégustent un riz sauté aux oignons fondants, aux légumes croquants accompagné de son bouillon poivré.
– Taoraï ?
– Djet Sip bath
Et Benoît tend 70 bath à la mamie qui lui rend un merveilleux sourire édenté et lui offre des patates douces frites.

En danseuse dans une montée un n-ième crac du short de Mara scelle sa fin de vie. Elle se rend à l’évidence, il n’atteindra pas Bangkok. Pourtant un panneau indique que la ville n’est qu’à 66 kilomètres. Les routes sont plates, les chiens dorment sur la route et Mara et Ben sont perdus dans leurs pensées. Soudain un jeune homme leur court après. Lui aussi compte partager ce qu’il a. Ben s’alourdit d’un régime de bananes.

A l’approche de Bangkok, le trafic s’intensifie, les voitures empruntent la voie de secours comme voie rapide et les scooter roulent à contre sens.
16 h, ils arrivent finalement à bon port ou plutôt à bon temple.

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Les bateaux affichent Bangkok, arrivés à bon port en face du temple

Ils aperçoivent un moine au loin et s’en approchent. Le moine semble perdu dans ses pensées, dans un monde bien à lui. Lorsqu’ils demandent l’hospitalité pour la nuit, la réponse est floue, il y a une zone d’incompréhension mais la communication se fait dans la sérénité et le sourire. Finalement ils s’accordent sur un lieu pour planter la tente.
« I am so glad », confie le moine en tendant la main à Benoit. Il la serre chaleureusement et ajoute « You, my brother, You, my sister » Un moment de réflexion, frère Sutath cherche ses mots et dit enfin « Your home. » Benoit et Marina sont à fleur de peau ce soir et ces mots les touchent profondément.

Avant la nuit tombée ils se rendent dans un ultime bouiboui, dans la banlieue vivante de la capitale. Lors de la commande, ils oublient de signifier « Mai peth » ; en résultent des plats bien épicés, mais qui ne dérangent presque plus leurs palais affûtés. De retour au temple, la route-in reprend. La douche se résume en un gros bac plein d’eau. Ils s’aspergent à l’aide d’une coupelle pour se faire une dernière toilette asiatique. Ils sortent la toile de tente, empilent les arceaux rouillés par l’humidité ambiante, Benoît prépare son lit avec un duvet en guise de matelas (cela fait plus de deux mois que son matelas a rendu l’âme), le bivouac est fin près, il doit être environ 19:00, la nuit est tombée vite, les chiens aboient comme toujours. Des Thais qui vivent dans le temple offrent des fruits aux deux Falangs, qui sont ici pour la nuit et Sutath revient pour leur donner de multiples boissons et friandises. Malgré beaucoup d’émotions et des sentiments tiraillés, la fatigue suffit à envoyer les deux cyclistes dans les bras de Morphée.

18 Novembre, 6 h du matin, frère Sutath apporte un café, avant de s’en aller pour la quête quotidienne. Ben et Mara s’attèlent au rangement du campement, une heure plus tard le festin de moine est servi. Assis sur des marches d’escalier, ils mangent leur petit déjeuner aux côtés de Sutath, qui semble vouloir refaire le monde en leur compagnie. « Stay for eternity. Je vous apporterai le petit déjeuner tous les matins ». Le cœur serré, Ben et Mara enfourchent pour la dernière fois les vélos dans la folie de Bangkok. Terminus, tout le monde descend (de selle).

6 réflexions sur « Le long du Golfe de Thaïlande »

  1. Dur, dur pour nous aussi ….Plus d'excitation en allumant l'ordi pour découvrir vos belles photos et lire avec empressement vos commentaires si bien écrits ! Merci pour ces bons moments d'évasion qui nous ont permis  de nous régaler et de rêver …oubliant (pour moi !!! ) mon âge ..mon grand âge , l'âge qui freine un peu !!! Je vous souhaite de tout mon coeur une bonne réadaptation à la vie classique de chez nous mais je suis sure que même en France vos belles aventures vont continuer . Je vous embrasse très fort et vive 2018 avec des escapades bien sportives .. J'attends avec impatience le récit de vos prochaines aventures des we  !!!

  2. On ne se lassait pas de découvrir vos étapes  et vos rencontres!!

    Bravo et Merci de les avoir partagés ..

    Bon retour avec vos réves devenus réalités et vos souvenirs ……

  3. Le short est enfin parti à la poubelle !! hahaha

    Ces dernières lignes sont vraiment lourdes d'émotions, et je les comprends. Les photos sont vraiment belles, ce pays me manque, j'imagine que vous aussi (ce pays et bien d'autres)…

    Je vous souhaite bonne acclimatation, sortez les skis, ça vous réconfortera !

  4. Et bien voilà !

    l’aventure commence !!!

    ben oui, avoir vécu ce que vous avez vécu, c’est bien l’aventure de la vie qui vous attend !

    et avec ce merveilleux bagage que vous avez su acquérir grâce à vos personnalités avenantes, vos sourires, votre jovialité, l’insouciance De votre jeunesse !

    Dis donc «Ben semoule» qui a dit que ma cop’s ne savait pas lâcher ses petits ??

    faut dire que t’as fait fort!

    grand merci pour ce voyage partagé! Ces photos partagées pour nous faire rêver !

    joli retour à vous!

    et belles retrouvailles en famille 

    bizouilles

    Odile et Patrick 

  5. Parce que ces derniers mois j'ai failli dans mes commentaires, je rectifie le tir 🙂

    Votre article est très émouvant, on a presque envie de verser une larme..

    Ca donne envie d'aller découvrir la Thailande, quelle joie de vivre.

    Vous avez fini avec de très belles photos en mode diapo, c'est chouette !

    Des bisous à tous les deux

  6. Merci de ces supers articles qui nous ont ému, touché et fait découvrir tous ces beaux pays et belles personnes rencontrés. 

    Bon retour chez vous et très belle année 2018 que je vous souhaite sereine et pleine de petits bonheurs de tous les jours, de découvertes encore et encore. 

    Je rentre de 3 semaines en Thaïlande et je comprends bien ce que vous avez du ressentir dans ce pays magique aussi. De la magnificence des temples, du sourire et de la douceur des Thaïlandais, de ces stands de nourriture au coin des rues si tentants

    De grosses bises

    Véro 

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